Comment abordez-vous le lancement de cette nouvelle version Legisway ?
Nicolas Sarraquigne : Nous sommes impatients de mettre cette nouvelle version dans les mains de nos clients et de nos prospects. Ces nouveaux services à 360° accompagnent plus que jamais le juriste dans un cycle contractuel complet avec une IA dont nous sommes fiers. Aujourd’hui, tout cela est possible sans quasiment sortir du logiciel. C’est une première dans le paysage des éditeurs juridiques français !
Romain Philbert : Oui, c’est une avancée majeure pour le logiciel et pour l’intégration d’une nouvelle technologie dans les pratiques des Directions Juridiques. Notre volonté est d’en faire une IA accessible à tous car cela devient une fonctionnalité fondamentale.
Grégoire Miot : Depuis 6 mois avec la crise Covid, nous avons ressenti une accélération de la prise de conscience sur les besoins et les niveaux de maturité digitale. Nous ne sommes pas simplement un fournisseur de software superposant des briques technologiques pour automatiser des tâches. Nous intégrons un écosystème de process pour aider les juristes à être plus productifs dans des périodes tendues sur ces sujets.
Quelle est votre vision de l’IA ?
Romain Philbert : L’IA appliquée aux directions juridiques ne va pas de soi par rapport à d’autres domaines comme l’armement ou la médecine : dans le secteur juridique, la tendance est plus tardive qu’ailleurs mais elle s’accélère. Je considère que c’est un marché de niche face à l’exploitation de l’IA car cela ne concerne qu’un domaine restreint et spécialisé avec une matière précise qui s’appelle un contrat.
Nicolas Sarraquigne : L’IA appliquée au droit, et en particulier aux contrats sur laquelle nous travaillons, a longtemps été chargée de fantasmes et de velléités en tout genre. Avec l’IA dans Legisway, on s’éloigne du mythe pour entrer dans une réalité technologique plus opérationnelle.
Comment fonctionne l’IA Legisway techniquement ?
Romain Philbert : Nous sommes sur le principe de la machine apprenante. À force d’avoir vu 1 000 ou 10 000 exemples de dates de signature, l’IA apprend à mieux la reconnaitre et est en capacité de fournir une bonne réponse quand on lui demande de la retrouver dans un contrat. Notre IA développe ce volet qui se nourrit de l’expérience passée pour obtenir un meilleur service pour la suite. La richesse et la puissance d’une IA est liée, au-delà du travail des ingénieurs, aux données sur lesquelles la machine apprend, à leur volume et à leur qualité. Ces données ne se trouvent pas par millions en claquant des doigts. Elles sont dans les entreprises, souvent peu accessibles et surtout complexes à analyser ! Notre forte implantation sur le marché va nourrir suffisamment la machine et c’est là toute la valeur de notre technologie. À terme, notre IA sera capable d’analyser une palette de plus en plus large de contrats en se spécialisant même selon des secteurs d’activité. Nous allons gagner en profondeur dans le nombre d’informations restituées et sur le type de contrats analysés. Nous mobilisons aussi le text mining qui concerne l’analyse documentaire, c’est-à-dire la compréhension du langage écrit, celui de la langue. Il faut comprendre les mots, leur association les uns aux autres dans un contexte juridique ! Un mot dans un roman porte une autre signification dans un texte de loi. Quand on dit engagement, on ne parle pas mariage !
Pour plus d'informations à ce sujet, veuillez lire nos articles sur les risques juridiques les plus courants liés aux contrats et aux entreprises.
Grégoire Miot : Il y a toujours ce fantasme qui est de se demander si l’IA peut remplacer un jour le travail du juriste. On voit bien que cela reste des outils d’assistance augmentés et performants pour aller plus loin dans l’analytique.
Nicolas Sarraquigne : Oui et tout cela prend du temps, nous sommes clairement dans une logique d’apprentissage intelligent. Pour ces raisons, on ne veut pas vendre du rêve sur l’IA : plus que jamais, nous sommes sur du concret et de l’accompagnement métier qui a du sens pour nos clients.
Quels services l’IA Legisway apporte-elle concrètement aux utilisateurs ?
Nicolas Sarraquigne : Elle libère nos utilisateurs de tâches fastidieuses avec l’indexation intelligente des contrats. Cette étape est désormais l’un des points de départ dans le logiciel. On ne peut plus imaginer saisir un nouveau contrat en PDF en tournant les pages ! Concrètement, l’utilisateur dépose son fichier, le process se met en place et, en quelques secondes, l’utilisateur obtient une extraction des informations clés du contrat. La promesse est simple : avant, il fallait 20 minutes en moyenne pour saisir un nouveau contrat. Avec l’IA, on est entre 4 et 5 minutes ! Mais l’IA n’est pas une baguette magique, la capacité d’analyse du juriste reste essentielle pour détecter des anomalies car le droit reste en soi complexe et certaines subtilités peuvent échapper à la machine.
Romain Philbert : Ce n’est pas tant que nos clients avaient besoin d’IA mais ils avaient besoin d’une solution pour lever un frein qui est celui du temps de saisie. Pour faire du reporting, être alerté sur les contrats, rechercher un contrat parmi des milliers dans une société, il faut pouvoir les avoir en amont enregistrés. Ce travail chronophage donnait lieu à des banques de contrats parcellaires chez nos clients. Ils faisaient donc un tri en enregistrant uniquement les contrats à risque, ceux avec des échéances prioritaires ou encore ceux formatés toujours de la même manière. La reprise des historiques était toute aussi compliquée à traiter. Quoi de plus frustrant quand on déploie un logiciel juridique de l’ouvrir en constatant qu’il est complètement vide alors que l’entreprise a négocié, en réalité, des milliers de contrats !
Grégoire Miot : Notre IA offre la possibilité de la saisie en masse d’une base contractuelle. L’idée est bien de pouvoir traiter une antériorité de contrats que les juristes n’ont jamais le temps de gérer. C’est une avancée majeure en matière de fiabilité et de sécurisation du patrimoine contractuel de l’entreprise et ce de façon immédiate.
Quels sont vos points de vigilance ?
Nicolas Sarraquigne : L’IA n’est pas une baguette magique ! La machine peut faire des erreurs, il faudra toujours une traduction humaine pour identifier de petits engagements qui se cachent dans certains contrats à l’instar d’une partie du contract management qui fait du cousu main. L’IA qu’on propose sur le marché est du prêt à porter. Elle performe quand elle va rencontrer 10 000 ou 100 000 fois le même type contrat pour restituer aisément la donnée attendue.
Romain Philbert : Nous allons avoir un « stress test » qui va se jouer dès les premiers résultats qui vont sortir de la machine. Autrement dit : vrai ou faux, c’est sans filet ! Il n’y aura pas de nuances là-dessus. Le retour de l’humain va lui dire qu’elle s’est trompée, il validera ou non sa nouvelle réponse. La machine en tient compte et se corrige elle-même. Cette optimisation progressive va se faire sur du volume.
Quels sont les principaux avantages de cette IA ?
Nicolas Sarraquigne : Nous sommes sur ce qu’il se fait de mieux aujourd’hui sur le marché avec l’avantage d’un potentiel d’extension à la fois horizontal pour appliquer l’IA aux litiges, au corporate ou encore aux pouvoirs, et de façon verticale pour enrichir les capacités offertes par l’IA.
Romain Philbert : Ce que je trouve intéressant avec cette technologie, c’est sa capacité à couvrir d’autres cas d’utilisations que le contrat. Cette dimension est différenciante à la fois pour proposer d’autres langues et d’autres contenus juridiques. Cela donne de la perspective aux juristes. Oui, il y a les contrats mais pas que ! Notre logiciel aide les juristes à prendre leur véritable place dans l’entreprise pour se concentrer sur leur valeur ajoutée, leur expertise juridique et la sécurisation du patrimoine contractuel. Quel intérêt pour un juriste d’aller ouvrir 15 armoires pour retrouver le contrat que telle personne lui demande ? L’idée a toujours été de le décharger au maximum. L’IA est dans cette veine.
Grégoire Miot : Notre technologie propulsée saura faire autre chose que du contrat car notre ADN couvre aujourd’hui tous les champs du juridique et pas seulement le contrat. Cette IA de pointe est un outil d’assistance très poussé où la capacité d’analyse du juriste sera d’autant plus fine. On leur permet de se recentrer sur l’essentiel de leur travail.
Votre message pour conclure ?
Romain Philbert : Savoir saisir un contrat ne fait pas le juriste ! Moi, je ne suis pas juriste et je sais le faire ! L’IA ne révolutionne pas le métier de juriste mais il lui permet de se concentrer sur ce qui fait l’expertise de son métier.
Grégoire Miot : Notre IA est bel et bien un outil d’assistance pour un juriste assisté et non remplacé. Évitons les catalogues de fausses promesses d’une IA toute puissante. Nous avons une forte responsabilité d’expliquer clairement aux entreprises les bénéfices attendus.
Nicolas Sarraquigne : L’IA tend vers une meilleure sécurité juridique grâce aussi à tous les services de la nouvelle version de Legisway comme les outils collaboratifs ou la gestion documentaire. C’est une approche moderne et concrète qu’il nous tarde de partager avec les juristes mais aussi avec les acheteurs, financiers, collaborateurs de services de moyens généraux, ceux du marketing ou encore du commercial, bref toutes les équipes concernées par la gestion d’un contrat.