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Fiscalité et comptabilité Legal04 novembre, 2024

Intelligence artificielle générative sur le campus : entretien avec le professeur et avocat Dirk Visser

Alors que les étudiants reprennent massivement le chemin des cours, je m’interroge sur l’impact de l’intelligence artificielle générative, comme ChatGPT, sur leur parcours académique. En effet, l’intelligence artificielle générative joue un rôle de plus en plus important dans les tâches académiques traditionnelles, telles que la rédaction d’un mémoire ou la réalisation d’une revue de la littérature. Quelles sont les conséquences pour les étudiants ainsi que les enseignants : comment font-ils face aux nouvelles possibilités offertes par l’intelligence artificielle ? Quels défis se profilent à l’horizon ? Peter Immink s’est entretenu à ce sujet avec Dirk Visser, avocat et professeur en droits de propriété intellectuelle à l’Université de Leiden.

L’intelligence artificielle sur le campus : de nouvelles opportunités et de nouveaux risques pour l’enseignement

Avec plus de vingt ans d’expérience en tant que professeur, Dirk Visser connaît parfaitement le milieu académique. Lors de notre entretien, il met le doigt sur un point crucial : l’intelligence artificielle offre également de nombreuses opportunités pour l’enseignement, mais il est essentiel de trouver un équilibre entre l’innovation technologique d’une part et la préservation des compétences intellectuelles d’autre part. Il explique : « L’intelligence artificielle est un outil fantastique, tant pour les professionnels que pour les étudiants. Voyez-la comme un correcteur orthographique avancé, capable aussi de réécrire, de résumer et de traduire des textes. Elle ouvre la voie à un large éventail de possibilités pour la recherche juridique, y compris en matière de droit comparé. »

Cependant, l’intelligence artificielle entraîne aussi des risques pour le milieu éducatif, me confie-t-il. Ainsi se pose le risque de la fiabilité de la source : comment savoir si les informations générées par l’intelligence artificielle sont réelles ou inventées ? En outre, il est difficile de déterminer si l’élève a écrit son travail lui-même ou si celui-ci a été intégralement rédigé par ChatGPT. « Beaucoup de choses s’éclaircissent lorsque vous engagez la conversation avec les étudiants », affirme Dirk Visser. « Après une heure de discussion sur leur mémoire, vous comprenez vite qui l’a effectivement écrit. » La question principale est de savoir si nous risquons de perdre des compétences de base, comme la rédaction et l’interprétation d’un texte correct. À quel point est-ce grave ?

« Un collègue m’a dit qu’il connaissait par cœur une centaine de numéros de téléphone il y a trente ans, tout comme les intellectuels d’autrefois pouvaient réciter des poèmes sans effort. On peut s’interroger sur l’importance réelle de ces compétences, mais en tant que professeur, je me concentre sur l’apprentissage de l’utilisation de l’intelligence artificielle générative et sur l’enseignement des compétences nécessaires pour rédiger un texte solide, aujourd’hui et à l’avenir. Si l’intelligence artificielle s’améliore bientôt sur ce point, quelles compétences les étudiants doivent-ils vraiment développer ? » Dirk et moi partageons ces préoccupations.

De l’engouement à la maîtrise : le rôle central de la pensée critique

Il ressort rapidement de mon entretien avec Dirk Visser que l’intelligence artificielle est là pour durer et qu’elle n’en est encore qu’à ses débuts. Au lieu d’interdire des outils comme ChatGPT, nous devons donc apprendre aux étudiants à les utiliser efficacement. Une compréhension critique est essentielle à cet égard. C’est ce que je réalise également à travers un exercice intéressant que Dirk propose à ses étudiants : il leur demande d’abord d’accomplir une tâche à l’aide de l’intelligence artificielle, puis de découvrir eux-mêmes les pièges.

« Les étudiants constatent ainsi que la production de ChatGPT est souvent trop générique, qu’elle ne va pas à l’essentiel et qu’elle a du mal, par exemple, à identifier les considérants les plus importants dans un arrêt de cassation », explique Dirk. « ChatGPT propose souvent des réponses détaillées et laborieuses, alors qu’elles pourraient être résumées en quelques phrases. Cet exercice apprend aux étudiants l’importance d’une écriture claire et d’une analyse précise, tout en soulignant qu’ils ne peuvent pas se fier aveuglément à l’intelligence artificielle. Pour une analyse qualitative, un contrôle qualité réalisé par un être humain est essentiel. »

Le défi consiste à préparer les étudiants à un avenir dans lequel l’intelligence artificielle sera incontournable. Ils doivent non seulement apprendre à utiliser l’intelligence artificielle générative, mais aussi l’aborder de manière critique et consciente.

À jour, fiable et complet

Il apparaît clairement que l’équilibre entre innovation et fiabilité est primordial. L’intelligence artificielle, bien que prometteuse, doit aller de pair avec un contrôle qualité rigoureux. Chez Wolters Kluwer, nous appliquons ce principe. Tout en innovant avec des solutions telles que Jura, nous maintenons la garantie de qualité et la fiabilité au cœur de nos préoccupations.  Plus tôt, j'ai souligné le rôle indisponsable de l'auteur, qui confère une signature unique à son travail grâce à son expertise et à sa réflexion, ce qu’une machine ne peut reproduire. Notre rédaction spécialisée joue également ici un rôle clé : elle contrôle non seulement le contenu, mais entraîne aussi les systèmes d’intelligence artificielle que nous développons nous-mêmes afin de générer des résultats fiables.
Notre contenu participe à cette fiabilité. Nous utilisons des structures et des formules parfois vieilles de plus d’un siècle. Ces structures, constamment garanties par des rédactions externes, assurent la qualité irréprochable des informations que nous publions. À jour, fiable et complet : grâce à ces valeurs fondamentales, Wolters Kluwer peut se targuer d’être un label de qualité, un phare dans une mer d’informations (ou de désinformations) de plus en plus vaste.

What’s next ? Un regard sur l’avenir de l’intelligence artificielle, des droits d’auteur et de l’enseignement

L’émergence de l’intelligence artificielle soulève de nombreuses questions en matière de droits d’auteur, y compris dans l’enseignement. Une nouvelle réglementation est-elle nécessaire pour protéger les droits d’auteur à l’ère de l’intelligence artificielle ? Pour l’instant, il est encore difficile de dire comment le cadre législatif évoluera. Dirk Visser appelle, dans tous les cas, à la prudence. « Le législateur est inévitablement en retard par rapport aux nouvelles technologies, même si je n’ose dire qu’une législation plus rapide est la solution. Ce qui compte davantage, c’est la façon dont la pratique évolue. La manière dont les juges abordent l’intelligence artificielle et les décisions qu’ils prennent orienteront l’avenir tant de l’enseignement que des droits d’auteur. » Une évolution que nous suivons de près chez Wolters Kluwer. Affaire à suivre !

Peter Immink

Peter Immink a accumulé plus de 15 ans d'expertise dans divers aspects du processus d'édition, y compris l'édition, la stratégie et la transformation numérique, et aime donc se plonger dans les nouvelles technologies qui transforment l'industrie de l'édition. Il se passionne également pour la découverte d'auteurs talentueux et suit leur développement afin de mettre en place des collaborations fructueuses. Dans son rôle actuel de VP Content, Peter est responsable de tout ce qui concerne les auteurs et le portefeuille de contenu Legal & Regulatory au Benelux.

Peter Immink
VP Publishing & Operations | Wolters Kluwer Benelux
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