Auteur(s): Joris De Vroey
Les plastiques sont aujourd’hui omniprésents : des fonds marins à l’atmosphère, en passant par d’innombrables organismes vivants. À mesure que les preuves scientifiques des dommages causés à l’environnement et à l’homme se multiplient, ces plastiques sont de plus en plus considérés comme une menace mondiale. Le recyclage n’est pas toujours la meilleure solution. Au contraire, il favorise souvent la propagation des composés chimiques dangereux. Une réglementation internationale plus poussée devra rendre la composition chimique des déchets plastiques plus transparente.Dans le cadre des Nations unies, les pays ont décidé de négocier un instrument juridiquement contraignant pour mettre fin à cette pollution plastique. Pour atteindre cet objectif, il faut prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des plastiques : non seulement la production, mais aussi l’utilisation, la gestion des déchets et l’assainissement. Les matériaux plastiques et les flux de déchets sont complexes, et tous les plastiques ne sont pas identiques. C’est encore plus vrai pour les plastiques recyclés : ils contiennent souvent des composés chimiques nocifs ou sont contaminés par d’autres substances.
Les chercheurs ont ainsi trouvé 191 pesticides, 107 produits pharmaceutiques et 81 composés industriels dans les granulés de plastique recyclés. Il s’agit notamment de nombreux composés chimiques dangereux qui rendent les plastiques impropres à la réutilisation. Selon B. C. Almroth et E. C. Martinez, les résultats de l’étude peuvent servir de base à la réglementation sur le recyclage des plastiques : il est nécessaire de vérifier minutieusement la composition chimique des déchets plastiques avant le processus de recyclage.
Il va sans dire que ce n’est pas la première étude à signaler la présence d’additifs plastiques dans les matériaux recyclés. Des études antérieures ont également révélé des composés chimiques connus pour leurs effets négatifs sur la santé, à l’image des phtalates (plastifiants) et des bisphénols tels que le BPA et les stabilisateurs UV (utilisés pour protéger les plastiques des dommages causés par le soleil et du jaunissement). L’étude suédoise a identifié de nombreuses autres substances chimiques dans le plastique recyclé qui pourraient être nocives pour l’homme ou d’autres organismes, comme les pesticides, les produits pharmaceutiques et les parfums. D’autres composés chimiques proviennent de la combustion de matériaux naturels, en particulier les produits chimiques organiques utilisés dans des applications industrielles telles que les peintures et les filtres ultraviolets. Un grand nombre des substances chimiques trouvées dans cette étude peuvent avoir contaminé les plastiques lors de leur utilisation. Un récipient en plastique dans lequel des pesticides ont été stockés absorbe une partie de ceux-ci. Les plastiques qui se retrouvent dans l’environnement absorbent souvent des polluants organiques. Au total, les chercheurs ont quantifié 491 substances chimiques différentes, certaines ajoutées pour des usages spécifiques et d’autres résultant de la dégradation du produit.
Deuxième constatation : à peine un pour cent de ces substances relève des réglementations internationales dans le cadre des accords environnementaux multilatéraux existants. Certaines lois nationales et régionales réglementent la concentration admissible de substances chimiques dangereuses dans des produits plastiques spécifiques, mais pour la plupart des composants chimiques des plastiques recyclés, ces réglementations sont insuffisantes. Il est nécessaire d’établir des rapports transparents sur les substances chimiques contenues dans les plastiques tout au long de la chaîne de valeur. Les chercheurs notent qu’il n’existe pas non plus de lois exigeant le contrôle des substances chimiques dans les matériaux recyclés. « Des mesures plus strictes et coordonnées au niveau mondial sont nécessaires », concluent-ils.
Ainsi, pour recycler davantage de matériaux en toute sécurité, il est nécessaire de procéder à plusieurs ajustements des réglementations internationales. L’étude formule quelques propositions :
• plus de transparence sur l’utilisation des substances chimiques et leurs risques ;
• simplification chimique de la production afin de réduire le nombre de composés chimiques toxiques utilisés ;
• amélioration de l’infrastructure de gestion des déchets avec séparation des flux de déchets ;
• amélioration des processus de recyclage qui nécessitent le contrôle des composés chimiques dangereux.
Les chercheurs suédois considèrent cette simplification chimique comme une étape cruciale vers la production et l’utilisation durables des plastiques. Cependant, les pays doivent également travailler sur un instrument juridique pour mettre fin à cette pollution.
Les plastiques sont aujourd’hui omniprésents : des fonds marins à l’atmosphère, en passant par d’innombrables organismes vivants. À mesure que les preuves scientifiques des dommages causés à l’environnement et à l’homme se multiplient, ces plastiques sont de plus en plus considérés comme une menace mondiale. Le recyclage n’est pas toujours la meilleure solution. Au contraire, il favorise souvent la propagation des composés chimiques dangereux. Une réglementation internationale plus poussée devra rendre la composition chimique des déchets plastiques plus transparente.Dans le cadre des Nations unies, les pays ont décidé de négocier un instrument juridiquement contraignant pour mettre fin à cette pollution plastique. Pour atteindre cet objectif, il faut prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des plastiques : non seulement la production, mais aussi l’utilisation, la gestion des déchets et l’assainissement. Les matériaux plastiques et les flux de déchets sont complexes, et tous les plastiques ne sont pas identiques. C’est encore plus vrai pour les plastiques recyclés : ils contiennent souvent des composés chimiques nocifs ou sont contaminés par d’autres substances.
Exportations cachées de substances nocives
Dans la publication universitaire « Conversation », les scientifiques suédois Bethanie Carney Almroth (maître de conférences en sciences biologiques et environnementales à l’université de Göteborg) et Eric Carmona Martinez (Helmholtz Centre for Environmental Research - UFZ) décrivent les résultats de leur étude, qui a mesuré la concentration de polluants dans des granulés recyclés provenant de 28 petites entreprises de recyclage de l’hémisphère sud. Ces pays ont été choisis parce qu’un grand nombre de déchets plastiques sont exportés vers des pays moins développés qui n’ont que peu ou pas d’exigences quant à la composition de ces déchets plastiques. L’étude s’est penchée spécifiquement sur les usines du Cameroun, de l’île Maurice, du Nigeria, de la Tanzanie et du Togo en Afrique et sur d’autres pays en Asie, en Europe et en Amérique du Sud.Les chercheurs ont ainsi trouvé 191 pesticides, 107 produits pharmaceutiques et 81 composés industriels dans les granulés de plastique recyclés. Il s’agit notamment de nombreux composés chimiques dangereux qui rendent les plastiques impropres à la réutilisation. Selon B. C. Almroth et E. C. Martinez, les résultats de l’étude peuvent servir de base à la réglementation sur le recyclage des plastiques : il est nécessaire de vérifier minutieusement la composition chimique des déchets plastiques avant le processus de recyclage.
Composés chimiques du cycle de vie du produit
Plus de 13 000 composés chimiques sont utilisés aujourd’hui dans la production de matériaux et de produits plastiques. Il s’agit notamment de milliers d’additifs spécifiques, mais aussi de substances ajoutées involontairement, qui peuvent apparaître au cours de la production ou de la durée de vie des plastiques. Des milliers de ces composés chimiques ont des propriétés dangereuses ; les risques pour la santé de certains autres sont encore inconnus. De plus, d’autres substances chimiques peuvent contaminer le matériau, tant au cours de la production qu’aux autres stades de la vie des produits (utilisation, déchets et recyclage). La composition chimique précise des matériaux plastiques recyclés est donc très souvent inconnue.Il va sans dire que ce n’est pas la première étude à signaler la présence d’additifs plastiques dans les matériaux recyclés. Des études antérieures ont également révélé des composés chimiques connus pour leurs effets négatifs sur la santé, à l’image des phtalates (plastifiants) et des bisphénols tels que le BPA et les stabilisateurs UV (utilisés pour protéger les plastiques des dommages causés par le soleil et du jaunissement). L’étude suédoise a identifié de nombreuses autres substances chimiques dans le plastique recyclé qui pourraient être nocives pour l’homme ou d’autres organismes, comme les pesticides, les produits pharmaceutiques et les parfums. D’autres composés chimiques proviennent de la combustion de matériaux naturels, en particulier les produits chimiques organiques utilisés dans des applications industrielles telles que les peintures et les filtres ultraviolets. Un grand nombre des substances chimiques trouvées dans cette étude peuvent avoir contaminé les plastiques lors de leur utilisation. Un récipient en plastique dans lequel des pesticides ont été stockés absorbe une partie de ceux-ci. Les plastiques qui se retrouvent dans l’environnement absorbent souvent des polluants organiques. Au total, les chercheurs ont quantifié 491 substances chimiques différentes, certaines ajoutées pour des usages spécifiques et d’autres résultant de la dégradation du produit.
Deuxième constatation : à peine un pour cent de ces substances relève des réglementations internationales dans le cadre des accords environnementaux multilatéraux existants. Certaines lois nationales et régionales réglementent la concentration admissible de substances chimiques dangereuses dans des produits plastiques spécifiques, mais pour la plupart des composants chimiques des plastiques recyclés, ces réglementations sont insuffisantes. Il est nécessaire d’établir des rapports transparents sur les substances chimiques contenues dans les plastiques tout au long de la chaîne de valeur. Les chercheurs notent qu’il n’existe pas non plus de lois exigeant le contrôle des substances chimiques dans les matériaux recyclés. « Des mesures plus strictes et coordonnées au niveau mondial sont nécessaires », concluent-ils.
Plus de transparence
Pour évaluer la qualité du plastique recyclé, il est essentiel de connaître les composés chimiques présents ainsi que leurs concentrations. Ces informations peuvent orienter les réglementations relatives à l’utilisation des plastiques recyclés. Elles seront également précieuses pour les producteurs de matières plastiques, les entreprises de traitement des déchets, les consommateurs et la recherche scientifique.Ainsi, pour recycler davantage de matériaux en toute sécurité, il est nécessaire de procéder à plusieurs ajustements des réglementations internationales. L’étude formule quelques propositions :
• plus de transparence sur l’utilisation des substances chimiques et leurs risques ;
• simplification chimique de la production afin de réduire le nombre de composés chimiques toxiques utilisés ;
• amélioration de l’infrastructure de gestion des déchets avec séparation des flux de déchets ;
• amélioration des processus de recyclage qui nécessitent le contrôle des composés chimiques dangereux.
Chimie simplifiée
Les chercheurs préconisent, entre autres, une simplification chimique de la production, en visant principalement les additifs. La simplification de cette composition chimique devrait améliorer la durabilité et la sécurité de ces produits en plastique, mais elle favorisera également le respect de la réglementation. Elle aidera les fabricants à minimiser les effets environnementaux et sanitaires néfastes des formulations chimiques complexes. Des structures chimiques plus simples améliorent également le potentiel de recyclage des plastiques et rendent les processus de recyclage plus efficaces et plus rentables. La simplification chimique peut également réduire les risques pour la santé lors du traitement des déchets. D’un point de vue réglementaire, la simplification chimique favorise l’élaboration de lignes directrices plus claires et plus applicables en matière de sécurité.Les chercheurs suédois considèrent cette simplification chimique comme une étape cruciale vers la production et l’utilisation durables des plastiques. Cependant, les pays doivent également travailler sur un instrument juridique pour mettre fin à cette pollution.