Faire une sieste sur son lieu de travail est bon pour la santé et la productivité

Avoir un sommeil de qualité est essentiel pour la santé physique et mentale des travailleurs. Les employeurs investissent souvent dans divers moyens de maintenir leurs collaborateurs en bonne santé, comme la mise à disposition de salles de sport et d’en-cas sains. Toutefois, l’importance des micro-siestes ou « power naps » est souvent négligée. En outre, elles sont souvent associées, à tort, à la paresse. C’est pourquoi nous examinons ici l’importance des micro-siestes sur le lieu de travail au regard de la santé des travailleurs, ainsi que la manière dont elles s’intègrent dans une politique de bien-être au travail.

Manque de sommeil chronique

En Belgique, les travailleurs souffrent souvent d’un manque de sommeil chronique. Des études montrent qu’un Belge sur trois dort trop peu et que seul un Belge sur dix se réveille réellement reposé.Les causes sont diverses : charge de travail, stress, horaires de travail irréguliers, utilisation d’appareils numériques le soir, etc. Ce manque de sommeil a par ailleurs des conséquences sur le lieu de travail, comme une baisse de la concentration, un risque accru de commettre des erreurs et de donner lieu à des accidents ainsi qu’une diminution de la productivité. En outre, le manque de sommeil chronique augmente le risque de souffrir de problèmes de santé tels que l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et la dépression. Il est donc important que les employeurs et les conseillers en prévention sensibilisent les collaborateurs à l’importance du sommeil et prennent des initiatives pour les aider à en améliorer la qualité.

L’utilité de la sieste

Le biorythme humain connaît des variations tout au long de la journée, avec souvent un creux (au début de) l’après-midi. Une micro-sieste de 10 à 30 minutes peut contribuer à combler ce creux et à améliorer la vigilance. La recherche scientifique a démontré que les micro-siestes ou « power naps » sont efficaces pour recharger ses batteries et contribuent à améliorer la santé mentale.Cependant, il est important de se rappeler qu’elles n’ont pas pour vocation de compléter un cycle de sommeil complet. En faisant une sieste de plus d’une demi-heure, nous entrons dans des stades plus profonds du sommeil, ce qui peut entraîner des sensations de fatigue et de somnolence appelées « inertie du sommeil », qui peuvent affecter notre capacité à nous réveiller et à être alertes. Les micro-siestes de 20 à 30 minutes se sont avérées efficaces pour augmenter la vigilance et améliorer les performances, mais elles ne sont pas assez longues pour atteindre les stades les plus profonds du sommeil.

Productivité accrue, moins d’absentéisme

Bon nombre d’employeurs sont encore réticents à l’idée d’encourager les micro-siestes sur le lieu de travail, car ils pensent que le temps, c’est de l’argent, et que les micro-siestes se font au détriment de la productivité. Certains employeurs craignent également que la création d’espaces de repos au bureau ne soit perçue comme un mauvais message et qu’elle donne l’impression que l’entreprise n’a pas assez de travail pour occuper ses collaborateurs. Or, autoriser les micro-siestes peut en fait augmenter la productivité, car les travailleurs sont ainsi plus alertes et commettent moins d’erreurs.En 2022, Attentia a interrogé 9 214 travailleurs sur la qualité de leur sommeil. 9 % d’entre eux ont déclaré avoir eu des problèmes de sommeil au cours de l’année écoulée. En outre, une autre étude d’Attentia portant sur 495 travailleurs du secteur du commerce de détail a révélé que les collaborateurs souffrant à la fois d’obésité et de somnolence durant la journée (score élevé sur l’Échelle de somnolence d’Epworth ou ESS) présentaient un taux d’absentéisme significativement plus élevé. Les micro-siestes peuvent donc être considérées comme un élément à part entière d’une politique intégrée en matière de bien-être au travail.

Une approche concrète

• convaincre le management : le sensibiliser aux avantages des micro-siestes et à l’impact que ces dernières peuvent avoir sur la productivité, la santé et le bien-être des collaborateurs
• créer un espace de repos : créer une zone sur le lieu de travail où les travailleurs peuvent faire une micro-sieste. Cette zone doit être sombre et calme et la température doit être propice au sommeil. L’installation de rideaux occultants et d’un fauteuil ou d’un lit confortable ainsi que la diffusion de bruits de fond apaisants peuvent également contribuer à rendre l’espace relaxant
• donner des lignes directrices claires aux travailleurs sur la durée des micro-siestes et limiter celle-ci à 20-30 minutes
• planifier les micro-siestes : établir des lignes directrices pour la planification des micro-siestes. Par exemple, les collaborateurs doivent les prévoir pendant les périodes calmes ou les pauses afin d’éviter d’interrompre leur travail
• être flexible : en tant qu’employeur, vous pouvez proposer des horaires de travail flexibles afin que les travailleurs puissent faire une micro-sieste lorsqu’ils se sentent fatigués
• former les collaborateurs à l’importance des micro-siestes, à leur durée et à leur fréquence, et leur donner des indications sur la manière d’utiliser l’espace de repos. Les travailleurs peuvent également être encouragés à utiliser des applications permettant un suivi des habitudes de sommeil et délivrant des conseils sur la manière d’améliorer la qualité de leur sommeil
• pas pour tout le monde : il est important de ne pas imposer les micro-siestes. Certains travailleurs préfèrent utiliser leurs temps de pause pour se promener à l’extérieur ou se détendre sans dormi
• révaluer et améliorer : contrôler et évaluer l’utilisation de l’espace de repos et l’efficacité de la politique, et l’adapter si nécessaire en concertation avec les travailleurs

Sensibilisation

• Gérer la fatigue sur le lieu de travail
• Promotion de la santé pour les travailleurs postés
• L’utilité des micro-siestes au travail
• Boîte à outils pour un sommeil réparateur