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Fiscalité et comptabilité LegalInvestisseursCompliance17 juillet, 2024

L’intelligence artificielle générative peut-elle devenir pour les avocats plus qu’un simple outil pour les tâches routinières ?

Quel rôle l’intelligence artificielle générative jouera-t-elle dans le domaine juridique ? Devient-elle un outil pour la réalisation de tâches routinières ou change-t-elle vraiment la donne en bouleversant profondément le travail des avocats et des juristes ?

Je suis convaincu que la valeur ajoutée qu’elle apportera ira plus loin que l’automatisation des tâches répétitives et chronophages. Je l’ai indiqué dans un précédent article et c’est ce qui ressort aussi de discussions menées dans les différents cabinets d’avocats. L’intelligence artificielle générative peut être une véritable source d’idées pour les juristes et avocats.

Marcel Vonder

Marcel Vonder a plus de quinze ans d’expérience dans le développement de produits au sein d’entreprises. En tant que VP of Product Management, il est chargé de la transformation du portefeuille existant de produits Legal & Regulatory de la région du Benelux vers des solutions dotées de capacités technologiques avancées.

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L’intelligence artificielle générative écrira-t-elle votre prochain plaidoyer ?

Mais comment recourir précisément à l’intelligence artificielle ? Un avocat peut-il laisser l’intelligence artificielle générative rédiger son argumentation ? Depuis le lancement de ChatGPT, cela semble parfaitement possible en théorie, bien que d’après moi, un texte généré par l’intelligence artificielle ne devrait pas l’emporter de sitôt sur un plaidoyer rédigé par un humain.

L’intelligence artificielle générative aidera probablement surtout les juristes dans leurs recherches et sera une source d’inspiration pour leurs écrits et réflexions. Car jamais jusqu’ici, il n’y a eu autant d’informations disponibles, mises en avant comme des connaissances prêtes à l’emploi au moment opportun. Grâce à la combinaison d’une grande puissance de calcul et d’algorithmes largement entraînés, celles-ci apparaissent depuis peu tout simplement sur notre écran.

L’intelligence artificielle générative aidera probablement surtout les juristes dans leurs recherches et sera une source d’inspiration pour leurs écrits et réflexions.

L’intelligence artificielle est-elle vraiment si intelligente ?

Cela paraît trop beau pour être vrai. Aujourd’hui, les résultats obtenus ne sont pas tous utilisables ou pertinents. Dans des outils ouverts tels que ChatGPT, la réalité et la fiction sont entremêlées.

L’intelligence artificielle générative analyse les mots de la question et recherche des portions de texte qui, statistiquement, reviennent souvent autour de ces mots. Elle génère un texte en regroupant des mots, mais n’y confère pas une signification. Elle ne « comprend » pas ce qu’elle « écrit » et ne connaît ni le bien ni le mal.

C’est pourquoi les avocats et les juristes veulent rester maîtres de leur processus créatif. Car si l’intelligence artificielle générative produit aujourd’hui un texte sensé, c’est parce que le système est basé sur différents textes judicieux écrits par des humains. Mais qu’en sera-t-il lorsque l’intelligence artificielle générative se basera demain essentiellement sur des textes générés par l’intelligence artificielle parce qu’ils constitueront d’ici là la majorité des sources ? Y retrouvera-t-on encore une certaine forme de créativité ?

De plus, les réponses sont basées sur ce qui se trouve sur Internet jusqu’en janvier 2022 et pas toujours sur les auteurs les plus fiables ou la jurisprudence la plus récente. Si nous trouvons toutefois un moyen de combiner l’intelligence artificielle générative avec des banques de données ainsi que des ouvrages et sources de référence fiables estampillées comme « approuvées », la situation pourrait changer. L’exécution de cette tâche reste un défi, mais il existe bel et bien des possibilités de développement d’outils d’intelligence artificielle générative dans le secteur juridique, ce que nous sommes en train d’examiner chez Wolters Kluwer.

Les juristes et les avocats ont désormais aussi la chance de pouvoir travailler avec l’intelligence artificielle générative. Qu’ils ne manquent pas de l’expérimenter, mais restent vigilants à l’égard des fausses informations.

Commencer par le commencement : les bonnes invites

Poser les bonnes questions a toujours été pour un juriste une clé importante du succès. Mais une conversation avec un outil comme ChatGPT requiert certes une autre approche. Il faut formuler les questions sous la forme d’invites (prompts), comme une instruction claire avec laquelle le système peut travailler. L’algorithme doit savoir exactement ce qu’on recherche, ce qui est tout un art.

Une fois que l’on maîtrise l’outil, le modèle linguistique fournit de nouveaux angles de vue et perspectives et permet de gagner beaucoup de temps. Il ne faut plus fouiller dans une pile interminable de documents, puisque l’ordinateur se charge lui-même du travail d’analyse, souvent chronophage et répétitif. La combinaison de l’humain et de la machine devient ainsi très efficace, probablement plus efficace qu’une personne qui n’utilise pas d’algorithmes.

 
Il ne faut plus fouiller dans une pile interminable de documents, puisque l’ordinateur se charge lui-même du travail d’analyse, souvent chronophage et répétitif. 

L’intelligence artificielle générative pour stimuler la créativité

L’interaction entre le juriste et l’intelligence artificielle générative produit des idées, crée des liens surprenants et offre de nouvelles perspectives, car l’intelligence artificielle générative dispose d’une panoplie de sources bien plus étendue que ce qu’un être humain pourrait traiter à lui seul. Cela donne des idées auxquelles on n’aurait jamais pensé en tant qu’avocat.

Comme la phase de recherche et la phase de synthèse sont plus courtes, on aboutit beaucoup plus rapidement à l’essence juridique et on a davantage de temps pour faire ce pour quoi on a fait des études. Les bons outils et une bonne utilisation de ceux-ci stimulent donc la créativité humaine et permettent d’enrichir le contenu du travail.

La machine ne fera cependant jamais tout le travail. Il faut vérifier tous les résultats obtenus et les confronter aux faits. Le système formule des suggestions qui doivent être systématiquement analysées à partir des connaissances professionnelles. Le résultat doit ensuite être complété et ajusté le jusqu’à ce que chaque détail soit parfaitement concordant, car même si l’intelligence artificielle générative donne souvent un résultat bluffant, ce sera toujours le juriste qui fera la différence quant au plaidoyer gagnant.

 
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Vice President of Product Management | Wolters Kluwer
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