Wolters Kluwer travaille avec de nombreux professionnels de haut niveau dans leur domaine. Ils aiment partager leurs connaissances par le biais de publications, tant en ligne que sur papier. Qu'est-ce qui les motive en tant qu'auteurs ? Comment concilient-ils le rôle d'auteur avec d’autres activités ?
Christophe Broucke: « Apporter aux lecteurs un regard pratique, actuel et critique sur des sujets qui touchent à la vie des entreprises et des travailleurs »
Chritophe Broucke
Conseiller en droit social, je compte une expérience de plus de 22 ans auprès d’un secrétariat social. Désirant agrandir mon regard, j’y ai exercé des fonctions différentes et reste ouvert aux autres branches du droit et aux évolutions technologiques pour en déceler les impacts collatéraux en droit social. Souhaitant partager mes connaissances pour les faire grandir auprès d’autres talents, j’ai dispensé des formations et accompagné des jeunes. Aimant manier la plume et rendre accessible ce qui est complexe, je rédige des articles scientifiques et/ou pratiques, publiés sur papier et/ou online. Curieux, j’affectionne le dessin, la peinture, la lecture, la bande-dessinée, la musique et la nature.
Quel est votre parcours professionnel ?
A la suite de mes études en droit à l’Université de Namur et à l’UCLouvain, et de ma licence spéciale en droit de l’entreprise à l’UGent, je suis entré au service d’un premier secrétariat social agréé d’employeurs à Bruxelles ; pris par la passion du droit du travail, j’y ai appris les arcanes des complexes calculs des rémunérations, approfondi mes connaissances juridiques et éprouvé mes compétences managériales. Puis, toujours attentif à tenter de rendre simple ce qui est complexe (et la complexité est malheureusement bien au cœur de notre réglementation sociale et fiscale), j’ai rejoint, en 2012, UCM et son secrétariat social agréé d’employeurs. Depuis plus de 22 ans, je suis de près l’évolution législative, réglementaire et administrative, et accompagne des entrepreneurs, des juristes, des gestionnaires de paies, des conseillers et des techniciens dans la compréhension du droit social et de la fiscalité salariale.
Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser en droit social ? Quelles sont vos matières de prédilection dans ce domaine ?
Selon un de mes professeurs d’université, « pour faire du droit, il faut savoir lire, écrire et un peu calculer » ; ceci est d’autant plus vrai en droit social, et ça tombe bien car j’aime ces trois activités. J’ai dès le départ été attiré par le droit du travail qui me semblait probablement au cœur du quotidien de nombreuses personnes, au vu de la place donnée au « travail » dans notre société. Cette affection pour le droit social a été confirmée en suivant les cours passionnants de Pierre Blondiaux. J’ai eu également la chance d’apprendre, notamment auprès de Willy Van Eeckhoutte, un maître de stage bienveillant, Baudouin Paternostre, un consultant et auteur profondément humain, et Francis Verbrugge, un mentor, collègue et ami. Le droit social est en constante évolution ; il faut tous les jours se réinventer, apprendre et s’adapter, tant nos dirigeants, les employeurs et leurs consultants peuvent se montrer créatifs. Mes matières de prédilection sont les divers modes de rupture du contrat de travail, la rémunération sous ses formes variées et dans ses aspects multiples, la fiscalité salariale (en ce compris les nombreuses dispenses de versement du précompte professionnel) et les réductions de cotisations de sécurité sociale.
Comment avez-vous débuté en tant qu’auteur ?
J’ai toujours aimé la langue française et les innombrables nuances qui colorent ses mots… Pour écrire des articles juridiques, il ne m’en fallait donc pas beaucoup plus. Mon premier article, co-écrit avec Baudouin Paternostre, a été publié en 2005 dans la revue
« Orientations » ; cette longue contribution, publiée dans 2 numéros, concernait les protections contre le licenciement. Après presque 20 ans, cet article fait l’objet d’une conséquente réactualisation grâce à la collaboration de Marie-Caroline Paternostre et de Francis Verbrugge… à découvrir très prochainement dans la revue « Orientations ». A la suite de ce premier article, sont venues naturellement d’autres contributions, en solo ou en équipe, pour « Orientations », « Comptabilité et Fiscalité Pratique », « Oriëntatie »,
« L’indicateur social/Sociale wegwijzer » ainsi que le « Guide de la fiscalité salariale pour les entreprises » (jusqu’à l’édition de 2012).
Quelles qualités faut-il selon vous pour être un bon auteur et quels conseils donneriez-vous à un auteur qui débute ?
Tout d’abord, il faut aimer écrire ; tout comme certains n’aiment pas les chiffres, n’ont pas l’oreille musicale, la main verte ou ne sont pas nés bricoleurs, d’autres n’ont pas la fibre littéraire. Il est important de se connaître. S’il aime manier la plume, un bon auteur juridique fait preuve, à mon estime, de générosité (il est attentif à s’adapter à ses lecteurs non juristes, néophytes, ayant certains prérequis ou carrément spécialistes, d’une revue papier ou internautes), d’humilité (il multiplie les relectures, accepte les critiques et les autres regards), de rigueur (il est tout de même question de droit, même si cette science reste humaine), de structure (il renforce ainsi la lisibilité et la clarté de son contenu), et d’esprit tant critique (il veille à croiser ses informations, à coucher par écrit ses réflexions et conclusions, et à prendre position pour accompagner la compréhension) que pratique (il illustre son propos par des exemples, des tableaux ou des schémas qui concrétisent ceux-ci). Vous aimez écrire et vous avez une idée originale ? Lancez-vous et contactez pourquoi pas, le comité de rédaction de la revue « Orientations » ou « L’indicateur social/Sociale wegwijzer ».
Vous êtes membre du comité de rédaction de deux revues « Orientations » et « L’Indicateur social/Sociale wegwijzer », que représente pour vous ce rôle ? Que vous apporte-t-il ?
Le comité de rédaction de la revue « Orientations » m’a accueilli en 2017 ; j’ai rejoint celui de « L’indicateur social/Sociale wegwijzer » en février 2023. Avec les autres membres, aussi compétents que sympathiques, de ces comités, j’ai à cœur de sélectionner des contributions de qualité. Le vœu est d’apporter aux lecteurs un regard pratique, actuel et critique sur des sujets qui touchent à la vie des entreprises et des travailleurs, à la croisée des chemins du droit du travail, du droit de la sécurité salariale, du droit civil et de la fiscalité salariale. Et si nous arrivions à rendre une partie de la réglementation lisible et accessible pour nos lecteurs ? Outre les chouettes rencontres humaines que cela rend possible, cela permet aussi de mettre en lumière de jeunes autrices et auteurs, ainsi que de plus aguerri(e)s dont on peut toujours apprendre.
Comment percevez-vous la maison d’édition Wolters Kluwer et notamment le nécessaire virage numérique qu’elle a pris ?
Il est agréable de travailler avec des collaborateurs consciencieux et professionnels. L’aspect humain et relationnel doit rester présent, et ce, malgré la digitalisation exponentielle dans tous les domaines ; il est également nécessaire de maintenir des process qui assurent la qualité des contenus offerts aux lecteurs et de reconnaître les auteurs qui partagent leurs connaissances. Une maison d’édition (juridique) ne peut plus, aujourd’hui, rester en marge de cette digitalisation, et ce, d’autant plus à l’ère des prémices de l’intelligence artificielle et à l’époque où (presque) tout le monde reste connecté en (quasi-)permanence via son smartphone. Il est donc bien naturel que Wolters Kluwer ait pris ce virage numérique. Les défis majeurs sont, aujourd’hui, l’accès aux sources d’informations actuelles réglementaires, jurisprudentielles, chiffrées et doctrinales dans un monde social en mouvement permanent, et l’efficacité des moteurs de recherche pour affiner la liste des résultats à consulter, même si, je dois l’avouer, j’aime parcourir les pages d’un ouvrage, sentir l’odeur du papier et sa texture… , les outils digitaux découpant parfois à outrance un contenu ou proposant de multiples pages de résultats, nécessitant ainsi d’innombrables clics.